G3, ou Le Grand Google Game, ou rien ne sert d’avoir un chateau si on n’est pas brillant

Cet ultime vendredi, une amie éditrice m’inclut dans son Grand Jeu, dont le (la) gagnant(e) se verra offrir un livre. Le gagnant, c’est moi, bien que je n’aie pas trouvé la réponse.

Je vous retranscris des parties de son mail, expliquant les règles du jeu :

Les éditions V*** publient désormais de temps en temps des ouvrages traduits de l’américain. Dans un livre à venir, l’auteur a mis en exergue d’un chapitre une citation de Chateaubriand. En anglais. Sans la référence. Juste : « François Auguste René Chateaubriand » (c’est un nom français, ça fait bien, en plus c’est un long nom, ça fait très très bien, mais faut pas exagérer, rajouter la particule, ce serait trop : trop français, trop long ? non ça n’irait pas).

Le Grand Jeu consistait donc à retrouver la citation originale dans l’oeuvre de Chateaubriand, avec cette précision diabolique :

Je précise d’emblée aux petits malins que j’ai déjà fait quelques recherches google. En anglais, on tombe sur quelques milliards de blogs, dans la rubrique « mes citations préférées ». En français sur quelques morceaux de phrase, cela ne donne rien, mais je n’ai peut-être pas tout essayé (ou mal traduit).

Et voici donc la citation : « A master in the art of living draws no sharp distinction between his work and his play, his labor and his leisure, his mind and his body, his education and his recreation. He hardly knows which is which. He simply pursues his vision of excellence through whatever he is doing and leaves others to determine whether he is working or playing. To himself, he always seems to be doing both. »

Je me suis dit « Jojo, ceci est un travail pour toi ». Et partant de ces maigres indices, je me suis dit que c’était l’affaire de quelques minutes. Las ! J’y ai passé une bonne heure, mais c’était rentable pour

  1. gagner un livre
  2. river son clou à l’éditeuse amie
  3. et à tous les protagonistes de ce concours stupide

1ère étape : procéder en pensée latérale, aller là où l’ennemi ne nous attend pas

N’importe quel bourrin se ruera sur son Google favori, et tapera des mots-clés ineptes (« Grand Jeu éditeuse », ou « Tournedos » par exemple). J’ai décidé de ne pas être bourrin, mais superbement subtil. Je sais qu’il existe plusieurs lieux sur la Toile où se trouvent les textes des plus grands auteurs, en texte intégral. Il y a par exemple ABU, Gallica, ou encore le projet Gutenberg. Je me suis rendu dans ces endroits, et ai fait des recherches dans les oeuvres. J’ai commencé par Les mémoires d’outre-tombe (hélas incomplètes – en ligne – pour l’instant), et je cherchais les mots « maître » ou « art de vivre ». Rien. Nib de nib. Mais la latéralité a du bon, car j’ai appris des choses : l’ami Chateau parle beaucoup de ses maîtres, et dans sa correspondance avec la Marquise de V., celle-ci lui donne du « mon maître chéri ». Cette correspondance, que j’ai survolée, mériterait plus d’égards. A une époque sans blogs, une inconnue écrit son admiration à Chateaubriand. Il lui répond, elle s’enhardit, mais à chaque fois qu’il propose de la rencontrer, elle se dérobe. Il l’appelle sa « Marie inconnue ». C’est du blog tout craché : on s’invente, on démasque ce que l’on veut bien démasquer, en usant de pseudos (ceux-ci pouvant sonner comme un vrai prénom, c’est mieux), ce qui n’empêche pas d’avoir une vraie correspondance (quitte à ce que cette correspondance se dédouble en mails privés), voire des vrais sentiments. C’est ce paradoxe : on se confie d’autant plus à un inconnu… qu’il est inconnu.
Mais je voulais le gagner, ce bouquin, alors quoi ?
Et là, illumination :

2ème étape : ne faire confiance à personne, ne pas se laisser guider par des cartes pipées

(si, on peut piper des cartes, il suffit de percer un trou dans l’épaisseur, et de le remplir de plomb fondu, ce qui fera toujours tomber la carte du côté de l’as).
Voulant éviter les démarches bourrines, j’ai commis l’erreur d’être encore plus bourrin : j’ai accepté comme parole d’évangile le discours approximatif d’une éditeuse, fut-elle admiratrice de Kosztolanyi. Or, chère éditeuse de littérature de gare et autres livres ineptes, tu as été abusée, et le balbusard issu de ton abusation a obscurci de ses ailes fuligineuses mon regard d’aigle intellectuel, me faisant perdre un temps d’autant plus précieux que c’était le mien.
J’ai donc décidé de reprendre à zéro, en pestant par devers moi.

3ème étape : In Google we trust

Sous Gougueule, je tape « master in the art of living ». Bingo, le premier résultat donne la citation attribuée à James A. Michener. Le deuxième résultat confirme James A. Michener. Le troisième parle d’un « proverbe Zen ». En bref, sur les 10 premiers résultats, 3 attribuent la citation à James A. Michener, 4 à un proverbe Zen ou bouddhiste, 1 à « Jacqueline H. » (paix à son me), et 2 ne donnent pas de nom d’auteur présumé. Il faut attendre le 11ème résultat pour voir apparaître le nom de notre rosbif national, dans cet article sur les photos de mariage, où l’on apprend que Chateaubriand a « étudié le Zen ». Mazette, Internet, c’est quand même de la précision scientifique à chaque croisée d’autoroute de l’information.
Après ce 11ème résultat, on trouve à nouveau James A. Michener 2 fois, Susan Fowler Woodring (à vos souhaits), « un proverbe boudhiste » et la Bhagwat Gita (autre orthographe pour la Bhagavad Gît).
Bon, ça suffit donc, cette amusette. Le Chateaubriand n’a pas dit ça. De toute façon, il ne parlait pas anglais, trop occupé qu’il était à pratiquer le bouddhisme zen. Nous concluons donc avec quelques pensées amères.

4ème étape : Pensées victorieuses.

  • Ce n’est pas une surprise : Internet est truffé de connaissances approximatives, fausses, et contradictoires, telles un vieux Gorgonzola pourri. Et le pire, c’est que l’on trouve énormément d’amateurs de Gorgonzola pourri, qui non seulement le consomment, mais font de la pub dessus, en mettent des échantillons sur leur site, et diffusent les senteurs sur la Toile.
  • La précision a du bon. Je me suis toujours méfié de citations qui ne donnaient que le nom de l’auteur. C’est pour cela (déformation d’ancien doctorant ?) que j’essaie toujours de citer les références précises de mes citations.
  • Gougueule, c’est bien quand on sait s’en servir. Exemple : l’étudiant Tartempion me remet un mémoire de recherche sur la culture du houblon près de Delft. Si je tape « Tartempion houblon Delft », je biaise considérablement la recherche, puisque je présuppose que l’étudiant est l’auteur du mémoire. Notre éditeuse a dû taper « Chateaubriand art of living » et voilà, elle n’a obtenu que les pages qui attribuent la citation au divin Comte (soit 1% des pages), c’est ainsi qu’elle m’a perdu dans ses méandres crypto-flous.

Enfin,

  • Méfie-toi des experts. J’ai en mémoire une émission radio avec Jean d’Ormesson (Radioscopie, de Jacques Chancel, ça nous rajeunit pas) dans laquelle Jean d’O disait en substance « … Nous avions parié, quand nous étions jeunes, sur l’ouvrage dans lequel se trouvait cette phrase « et la maison leva l’ancre pour la traversée de la nuit ». Mon contradicteur soutenait que c’était dans Les enfants terribles, de Jean Cocteau, et pour ma part, j’affirmais que c’était dans Le bal du Comte d’Orgel, de Raymond Radiguet ».
  • Jacques Chancel : – « et alors, qui a gagné ? »
    Jean d’O : – « je ne me souviens plus bien, et je laisse cette question comme un petit jeu radiophonique à l’usage de nos auditeurs, mais je crois bien que cette phrase figure dans les deux livres. »

    Etant donné que j’étais intrigué, j’ai lu ces deux ouvrages. La phrase n’y est pas, ni aucune phrase approchante.

Donc, chère éditeuse, tu sais déjà que ça ne sert à rien de m’offrir Les enfants terribles ou Le bal du Comte d’Orgel, non plus que la Bhagavad Gît, ou encore le mémoire de Tartempion sur La culture du houblon près de Delft

« Un maître dans l’art de vivre n’établit pas de distinction précise entre le travail et le jeu, le labeur et le loisir, l’esprit et le corps, l’apprentissage et la détente. Il ne saurait les différencier. Il recherche simplement l’excellence en toute chose, laissant aux autres le soin de déterminer s’il est en train de travailler ou de jouer. Selon lui, il fait toujours les deux en même temps. »

Vieux proverbe zen (origine inconnue).

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Caillou – En Italie

Descendu en vol plané,
Porté sur ton souffle,
Il a été guidé par les lueurs de tes yeux,
Il a frôlé la tour de contrôle de ton nez,
Et finalement, mon baiser a atterri,
comme une plume sur ta joue.
Puis il a fait tout doucement le taxi
Jusqu’à tes lèvres.
Vous pouvez détacher vos ceintures.

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Prunes

Ce rêve a commencé comme dans la vie réelle. J’étais en salle de cours, et la journée avait été saumtre. J’ai attaqué la séance comme un bouledogue, et les étudiants m’ont répondu comme une écuelle. Et puis l’heure a passé. Puis une autre. J’ai réussi à les intéresser, ou bien, j’ai réussi à m’intéresser. Il ne restait plus que 20 minutes, mais j’étais à nouveau détendu, on a parlé.
Je me suis retrouvé dans une pièce improbable, assis dans un fauteuil jaune, à boire du champagne. Un directeur d’usine nous livrait des bouteilles d’alcool fort, et ce qui m’a frappé, c’est que les femmes avaient des bouteilles d’une certaine forme, et les hommes, d’une autre. De là à penser que les femmes sont différentes des hommes…
Je me souviens d’un match où le Brésil s’était pris un but, et ça les avait énervés.
Puis j’ai vu Stéphanie. Elle était réelle, et attentive, là où Alain Taccoen était absent, et soucieux. Stéphanie a prévenu mes besoins, et abreuvé mes compagnons. J’ai dansé des rocks sur des musiques qui n’étaient pas du rock, au son d’un DJ qui était suspendu au dessus de nous, coincé dans sa bulle métallisée, comme un conducteur de grue.
Quelques bouteilles de champagne plus tard, je marchais dans la nuit. J’aurais bien bu un Perrier, mais dans les rêves, on ne choisit pas son destin, donc j’ai été condamné à avoir soif. Clément avait filé, restaient Fred et Cathy. Le reste se dissout dans l’aube naissante. J’ai vu des feux rouges, des taxis, des cafés fermés et des bus qui roulaient à vide. Je suis resté transi, ému, réchauffé et inexplicablement optimiste. Demain était un nouveau jour, j’étais heureux.

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Caillou – Internavigation

Je clique, l’écran change
Ou pas.
Consommation immédiate de nouvelles, de fausse nouveauté,
D’électrons.
Des gens meurent, des gens pleurent,
Moi je suis juste un + 1
Dans un compteur
De visiteurs.

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Novela – Clash boursier

24 décembre 2019, 19h40, je suis au boulot. Cela pourrait être une semaine plutôt calme, les marchés sont peu liquides, mais je dois peaufiner ma formation aux jeunes traders. L’Instance de Marché m’a transmis ses desiderata, il faut donner une « perspective historique » à la présentation de notre système financier. Je t’en foutrai, de la perspective historique, il vaudrait mieux dire aux jeunes de s’acheter des chaussons de plongée en néoprène, ça leur évitera de se cailler les doigts de pieds à longueur de journée, et ça leur servira plus que des souvenirs poussiéreux sur nos ancêtres financiers. Bon, j’ai un peu de temps avant de diffuser le flash éco de 20h, j’y retourne.

« Le début du vingtième siècle a été marqué par de grands mouvements de spéculation (première guerre mondiale de la Terre, crise de 1929, deuxième guerre mondiale de la Terre). Les États-Unis, qui représentaient alors un pouvoir important dans l’ordre géo-économique, instaurèrent en 1944 le système de Bretton-Woods : désormais, le système de change était à parité fixe. »

C’est du jargon, qui est-ce que ça va intéresser ? En plus, je suis sûr que je n’aurai que 50% de l’effectif des stagiaires. Et je les comprends.

« Cela veut dire que le dollar (la monnaie des Etats-Unis, à l’époque) avait une valeur en or, et que cette valeur était fixée. Vous donniez un dollar, on vous donnait un poids en or, toujours le même. C’était censé stabiliser les échanges commerciaux. »

Bon sang, j’allais rater l’envoi du flash. Heureusement, j’ai tout pré-enregistré, il suffit d’appuyer sur le bouton.

Flash Intercom de 20h, Terra. Les marchés sont gelés, la liquidité se fait attendre. La monnaie universelle cote 32 onces d'or, soit une hausse de 3,3 points. Il y a une forte volatilité sismique, la baisse ne devrait pas tarder. Restez sur un cours de 31,5, puis décrochez vos positions en cas de forte baisse.
Prochain flash à 20h15.

Je vais me faire un potage, le distributeur du troisième étage doit encore fonctionner. Avant de quitter mon poste, je sauvegarde mes données sur une laserchip, puis je déconnecte l’alimentation. Je fais un signe à Virgil, il est sur le marché des matières premières, je vois à peine ses yeux derrière son masque de plongée. Il est un peu parano, Virgil, on a de l’eau jusqu’aux chevilles, et lui porte un masque. Mais c’est le meilleur trader que j’aie vu jusqu’à présent, alors on lui passe ce genre de lubie. Le potage a un goût de varech, pas étonnant, une des conduites d’eau douce a dû se rompre, l’Océan est en train de gagner du terrain. Alvin, qui est en train de discuter près du distributeur, me dit que les bonus vont être réduits, seuls les 30 meilleurs traders gagneront leur part. Je lui souris, puis je retourne à mon poste. Alvin parle beaucoup, moi je travaille, on verra au final qui a raison.

« Cette parité fixe n’a pas duré longtemps. Les Etats-Unis avaient des échanges commerciaux avec la Terre entière, le credo était celui de la libre concurrence (rappel : à l’époque, les prix étaient fixés par la confrontation entre l’offre et la demande. Il n’y avait aucune régulation, et c’était le jeu des consommateurs et des producteurs qui fixait les prix de vente). »

Le flash de 20h15 approche, les marchés ont peu évolué, l’indice sismique est stable, il faut donc sortir un flash nouveau alors que rien n’a bougé. Je passe mon flash précédent au Simul, je corrige, Ok, ça sonne bien.

Flash Intercom de 20h15, Terra. Alors que la stabilité des capitaux se maintient, on cherche les flux d'argent. MU +3,1, pour un équivalent de 31,9 onces d'or. Des explosions distantes font craindre une baisse, mais sans confirmation. Allégez sur une baisse.
Prochain flash à 20h30.

Je regarde ma montre, la buée a recouvert le cadran, saloperie de camelote, je n’aurais pas dû l’acheter à la Halle un jour de marché. Il est trop tard pour prendre une subnavette, je vais donc rester ici, je finirai ma synthèse historique, et je l’enverrai demain matin, avant la marée haute, au chef Bronson. Si avec ça, j’ai pas mon bonus, je veux bien devenir nautonier.

« Au début du 21ème siècle, le système financier avait atteint sa limite. Des Etats surendettés déclenchaient des guerres pour s’approprier des ressources pétrolières, la bourse offrait une succession de périodes euphoriques et de krachs (l’ancêtre du Clash) retentissants, et les errements des monnaies détruisaient tout compétitivité des échanges. En 2008, Arnold Schwarzenegger, nouveau président des Etats-Unis, décida de revenir à une parité fixe de la monnaie. Désormais, un dollar vaudrait, de manière inflexible, 0,43 grammes d’or pur. Les autres zones économiques importantes (Euro-est, Asialand, Oceania) se rallièrent au mouvement, et en quelques mois, toutes les devises étaient fixées sur une parité or. Les devises furent alors fondues en une seule dénomination, l’ancien dollar devenait la Monnaie Universelle (MU). l’âge d’or pouvait recommencer, la stabilité était assurée ».

La secousse m’a pris par surprise, j’ai été éjecté de mon siège. Heureusement, l’Autovalid a sauvegardé instantanément mes données, tandis que je basculais dans un éclaboussement d’eau glacée. Je me suis relevé en frissonnant. Virgil rigolait en me regardant, la main agrippée à un rail de sécurité, il continuait à envoyer ses dépêches. A l’autre bout de la salle de marché, je voyais un trader essayer de remonter son poste de travail dégoulinant sur son bureau, mais il n’y croyait plus, ça se voyait.

Flash Intercom de 20h30, Terra. Disruption forte sur l'échelle sismique, on craint une attaque indépendantiste inuit pour faire chuter les cours. Les sociétés de soutien semblent combler le déficit, mais leurs stocks d'explosifs sont à un niveau bas. Objectif de cours : MU = 29 onces. La liquité revient, et laisse espérer une hausse.
Prochain flash à 20h45.

Il faut que je finisse vite cette présentation, nous pouvons avoir une coupure d’électricité à tout moment.

« Hélas, c’était compter sans les déséquilibres des pays non alignés sur ce développement. Des nations demandèrent des aides financières, arguant de la famine de leurs populations. L’or était à prix fixé, les marchés étaient enfin stables, mais c’était encore trop cher pour certains. Des manifestations furent organisées par les opposants à la monnaie universelle. Suite à des débordements anarchiques, les mouvements de contestation furent officiellement interdits. Un marché noir de Pyrite (l’or des fous) se développa de manière spéculative, entraînant un sur-endettement des ménages. Les pays pauvres, qui ne savaient pas utiliser seuls les ressources de leur sous-sol, remirent en cause les contrats des grandes sociétés d’exploration. L’appui militaire des grandes puissances permit de rétablir la situation, mais on était loin de la stabilité. La parité fixe Monnaie Universelle-Or était certes un premier pas vers la stabilité, mais comment aller plus loin qu’une parité fixe ? »

Flash Intercom de 20h45, Terra. Les niveaux de liquidité du marché remontent. La tendance, et les fondamentaux, rappellent le Clash de 2015. Prudence sur les échanges, le marché est frileux. Gel des capitaux possible.
Prochain flash à 21h.

« Le déclenchement vint d’un groupe extrémiste, recourant à un acte désespéré. Pour contrer l’extraction de leurs réserves de pétrole en Terre Adélie (pole sud de Terra), ils firent sauter plusieurs gisements à l’aide d’explosifs à magma. La déflagration, et les incendies des puits de pétrole, entraînèrent un réchauffement brûlant sur plusieurs centaines de kilomètres, le niveau des océans monta de plusieurs dizaines de centimètres. Ce ne fut que quelques mois plus tard, lors de la publication de l’article désormais célèbre de Cook-Johnson dans Nature, que l’on se rendit compte que cette déflagration, et la fonte importante des glaces du pole sud, avaient modifié la gravité de Terra. La découverte scientifique était importante, mais la paternité de l’intuition économique revient au consortium Petro-Helium. Celui-ci accumula d’importantes réserves d’or, avant de dévoiler son analyse : la parité fixe signifie que pour une masse d’or, on a un poids d’or fixe, et pour ce poids d’or fixe, on a un montant monétaire fixe ; mais si la gravité changeait, pour une masse d’or fixée, on n’avait plus forcément le même poids d’or que précédemment, donc on obtenait un montant monétaire variable. Il suffisait de jouer sur la force de gravité de Terra, en faisant fondre plus ou moins les calottes glaciaires des pôles. Petro-Helium venait de contourner la parité fixe monnaie-poids, en instaurant une variabilité masse d’or-poids d’or. La conséquence ne se fit pas attendre : tous les grands intervenants du marché s’équipèrent en explosifs à magma (dont les cours furent multipliés par 1 000 en trois semaines) pour liquéfier les pôles, et en gaz liquides (cours de l’Argon : + 9 523% en 5 jours) pour refroidir rapidement les pôles. »

Une succession d’explosions proches me fait tourner la tête. Ce ne sont pas, comme d’habitude, des explosions aux pôles, dont on voit les lueurs sur les nuages. Là, il s’agit d’un acte terroriste visant à frapper au coeur du pouvoir. Je patauge vers la fenêtre. Je me plaque contre le mur, car je reconnais la silhouette d’un commando d’inuits, à dos d’orques. Bon sang, ils ne sont jamais descendus aussi bas, il sont dû déborder les patrouilles d’intervention. Quand ils passent devant notre bâtiment (l’enseigne Walrasian Trading est heureusement court-circuitée depuis plusieurs semaines), je note tout ce que je peux sur leur nombre, leur équipement, leur route. Je les vois se diriger vers la Bourse, OK, je tiens mon scoop. Je rédige vite quelques lignes, il faut prendre le marché de vitesse. Juste avant de diffuser mon annonce, je passe quelques ordres en crypté : je liquide toutes mes positions gelées, et j’achète le maximum de gaz refroidissant, en diversifiant mes ordres sur plusieurs marchés mondiaux, et avec plusieurs identités jetables. Une fois que mes ordres sont garantis, je diffuse le flash, puis je quitte vite le bureau. Virgil voit le flash, il me voit filer vers l’escalier, je lui fais signe de monter, il a tout de suite compris, il prend son écran portable, et court vers l’escalier.

Flash Intercom exceptionnel, Terra. Nos informateurs pensent qu'une attaque terroriste de grande ampleur est imminente sur le quartier des affaires d'AmericaNY. La liquidité devrait monter au-dessus du niveau du Clash de 2013. Achetez fort gaz, limitez autant que possible hausse du liquide. Bloquez les comptes-écluses, canalisez les tsunami vers les zones défavorisées.
Prochain flash à ##h##.

Les explosions qui se déclenchent au centre-ville ne sont rien à côté des explosions des graphiques sur les écrans. Tout le monde se rue sur les stocks de gaz refroidissant. Virgil et moi montons quatre à quatre les marches, en jetant un oeil sur nos écrans à chaque palier. Le phénomène physique, nous le sentons bien : le sol et les murs tremblent, et l’on entend le déferlement des vagues qui ont redoublé d’ampleur. Bon sang, ces anti-libéraux inuits sont en train d’inonder le quartier, tout ça pour des familles de pêcheurs de poisson ! Quant au phénomène économique, il est d’autant plus effrayant qu’il se passe silencieusement, tandis que des traits de couleurs s’affolent sur nos écrans. Nous arrivons au dernier étage, et débouchons à l’air libre. Au nord, les nuages noirs véhiculent l’odeur grasse du pétrole qui brûle. Virgil se tourne vers moi en grimaçant « Salaud, qu’est-ce que tu as vu, que tu ne m’as pas dit ?! » Tout en gardant les yeux fixés sur l’eau qui monte, à trois étages en dessous de nous, je lui réponds « Vends du gaz, à terme. J’ai profité de la panique, en l’activant un peu, après avoir pris mes positions. Et il y a vraiment un commando qui fait péter les vannes. » Virgil ne m’écoute plus, il pianote d’une main sur son écran tactile, je sais qu’il est dans son élément. L’eau est à deux étages en dessous de nous. Je pense à mon appartement, qui doit être submergé à cette minute. Je m’en fous, avec mon bonus sur cette opération, je peux m’acheter la Tour Soros.

Virgil me rejoint, il est calme, il a fait tout ce qu’il pouvait. Nous regardons l’eau qui monte toujours. Je me sens entièrement confiant. Je sais ce qui va se passer. Après cette frénésie spéculatrice, le Clash va être endigué. Trop d’intérêts sont en jeu : des entreprises inondées, des productions retardées, des actionnaires mécontents. Tous les traders du monde sont en train de prendre des positions sur des stocks de gaz dont (je regarde mon écran) le cours est 27 fois plus élevé que quand je l’ai acheté, il y a dix minutes. Il ne va pas s’écouler douze heures avant que des avions militaires déversent des tonnes de bonbonnes de gaz sur les deux pôles, figeant la liquidité pour au moins plusieurs mois. La parité sera à nouveau fixe, le monde reviendra sur ses bases. Jusqu’au prochain débordement.
Et moi, j’aurai mon bonus.


Cette nouvelle est sous licence Touchatougiciel. Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.
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Retour de formation…

Lever 6h, 1h30 de route, formation de 9h à 18h, 1h30 de route au retour.

Je suis sur les genoux,
d’avoir tant braillé.
Ma chemise est mouillée,
ma guitare désaccordée…

Bill Deraime, Un dernier blues, BMG.

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Caillou et Pellicule

J’avais écrit le caillou, et Yann en a fait la photo. Sa photo me rappelle un album BD de Cosey, L’espace bleu entre les nuages (Editions du Lombard, janvier 1983), notamment les pages 29 et 34. Comme disait Charlie Baudelaire, tout est correspondances…

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Livre lu Paul Auster : La nuit de l’oracle

J’aime beaucoup Paul Auster, que je tiens pour le plus grand écrivain américain contemporain. (et John Steinbeck, pour le plus grand écrivain américain du XXème siècle, cf. thibillet).

La nuit de l’oracle (Actes Sud, janvier 2006, 236 p.) est paru récemment, après Le livre des illusions, qu était du grand Paul Auster, de la veine inventive et voyageuse de son premier roman connu, Moon Palace.

La nuit de l’oracle a beaucoup des ingrédients de Paul Auster : mise en abyme (un roman qui parle d’un écrivain qui écrit un roman sur un roman…), histoires qui s’enchevêtrent, personnages et situations qui dérivent peu à peu vers une fatalité insidieuse, fantasme de réiventer sa vie et repartir de zéro. Dans l’ensemble, toutes ces choses me plaisent, chez un écrivain qui travaille énormément ses textes, et que j’ai toujours autant de plaisir à lire.

Alors quoi ? Malgré tout cela, qu’est-ce qui a cloché ici ? La redite, le sentiment de déjà vu dans d’autres romans du même auteur ? Mais n’est-ce pas inéluctable, quand on a (presque) tout lu d’un auteur, y compris ses essais et récits autobiographiques : on a l’impression de le connaître très bien, et à chaque rebondissement, moitié surpris, moitié averti, on se dit « c’est tout lui, ça ! ».

Dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment. Dans ma misère de lecture actuelle (j’y reviendrai, ou pas), Paul Auster serait un des seuls auteurs vers lesquels je reviendrais régulièrement.

Voilà, je crois que j’ai mis le doigt dessus : les histoires de Paul Auster contiennent très souvent des passages durs, ou noirs, mais il y a toujours cette fibre d’optimisme, ou de fascination, qui nous fait aller de l’avant. La musique du hasard , par exemple, allait d’étonnement en mystère, de mystère en fantastique, de fantastique en fataliste. C’était superbe. Ici, cela m’a trop rappelé le livre de Siri Hustvedt, Tout ce que j’aimais. Ironie du sort : je lui reprochais, à elle, de copier son mari Paul Auster, et là, je retrouve dans son roman à lui des analogies. Jusqu’à ce personnage de fils menteur et dangereux, ce Mark enigmatique et effrayant du roman de Siri Hustvedt, qui a un avatar ponctuel, mais crucial dans le roman d’Auster.

Correspondances : je n’ai pas vu Barton Fink, mais je me demande s’il n’y aurait pas une similitude (l’écrivain seul, l’irruption du fantastique, le décalage des vies). Sinon, comme souvent avec Paul Auster, j’ai du mal à établir des correspondances, car je le trouve unique. Il y a toutefois un livre qu’on m’avait prêté qui était redoutable : Tattoo Girl, de Brooke Stevens, qui a des résonances austeriennes (Amazon.fr dit, en parlant de l’auteur, « le David Lynch de la littérature », mazette !)

Et la citation qui va bien :

Que le sang paraît rouge sur le blanc du lavabo de porcelaine, me disais-je. Quelle vivacité elle a, cette couleur, et esthétiquement, qu’elle est choquante. Les autres fluides issus de nous sont ternes en comparaison, de pâles giclées. Salive blanchâtre, sperme laiteux, urine jaune, morve brun-vert. Nous excrétons des couleurs d’automne et d’hiver tandis que court, invisible, dans nos veines, l’écarlate d’un artiste fou – aussi rouge et aussi brillant que de la peinture fraiche.
Paul Auster, La nuit de l’oracle (Actes Sud, janvier 2006), p. 48-49.

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Caillou – Jeunesse

Le moment doré où la nuit s’effilochait,
Où l’aube avançait en pétales de violettes,
Où nous nous embrassions une dernière fois au son des premiers oiseaux.

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Batana – Sliplouffer

Un de mes bréviaires est Le Baleinié, dictionnaire des tracas quotidiens (tome 1 et 2), déjà évoqué vaguement ici.
Ces auteurs ont décidé que certains tracas méritaient d’être identifiés, et nommés. Car nommer, c’est circonscrire, enfermer, presque contrôler.

J’inaugure donc une nouvelle rubrique, du nom de Batana. La batana, selon les auteurs, c’est la « tyrannie de ceux qui font 4 bises ». Dans cette rubrique, j’identifierai des tracas quotidiens, et essaierai – bien humblement – de les nommer. Comme titre de rubrique, j’aurais bien choisi « être xu » (c’est-à-dire, se retrouver dans une pièce sans se rappeler de ce que l’on est venu y faire), car je suis très souvent xu. Mais ça sonnait moins bien, avouez-le.
Voici donc mon tracas du jour :
Sliplouffer : Malgré observations et anticipation, se retrouver aspergé par un arroseur automatique.

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Ecrire pour les blogs des autres

Voilà, suite à l’idée louloufoque de La grande Loulou, je me suis lancé : répondre dans un texte – argumenté un minimum – à une des questions existentielles de sa fille (le Bouchon). J’avais choisi « L’origine du cule dans pellicule, animalcule et tentacule », en attendant de traiter « Est-ce que les oiseaux ont des fesses ? »
Le résultat a été publié ce matin ici, avec des illustrations superbes, et des rajouts de la grande Loulou, qui n’a pas sû réfréner sa passion scientifico-éducative, pour le grand bonheur des masses.
PS : pour ceux qui auraient des commentaires du type « et quand est-ce que tu bosses ? », je signale que j’ai écrit ce texte sur les cules dans la nuit de dimanche à lundi, vers 2h du matin…

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Devise de vie

Je suis en train de relire toute ma collection de Calvin et Hobbes (rappel : BD en 4 cases (comic) qui met en scène un insupportable petit gamin de 6 ans (Calvin) et son tigre en peluche (Hobbes), qui « n’apparaît » qu’aux yeux de Calvin. Article Wikipedia ici). Je tombe sur la discussion suivante :
Calvin : « Vis l’instant présent » est ma devise. Tu ne sais jamais combien de temps il te reste ! Tu peux traverser la rue demain et PAF, être renversé par un camion ! A ce moment-là, tu regretteras de n’avoir pas pris plus de temps à te faire plaisir ! C’est mon opinion, « vis dans l’instant ». Et toi, Hobbes, quelle est ta devise ?
Hobbes : « Regarde avant de traverser la rue ».

C’est évidemment Hobbes qui a raison, mais je voulais juste souligner que la devise de Hobbes correspond à une sous-partie de celle de Calvin : les deux ne sont pas du tout antinomiques, elles sont au contraire reliées.

Dans le même genre d’idées, Linus demande à Charlie Brown (dans Peanuts, article wikipedia (à travailler) ici) :
Linus : Quel est le secret de la vie ?
Charlie Brown : 1. faire du covoiturage, 2. regarder des deux côtés avant de traverser, 3. décongeler les aliments avant de les manger.

Et mon ultime pour aujourd’hui, Snoopy répond à la question « Comment rester en bonne santé ? » : 1. Faites du sport régulièrement, 2. Mangez beaucoup de fruits et de légumes, 3. Apprenez à faire le roulé-boulé.

Quelle est votre (vos) devise(s) de vie ?

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Pourquoi est-ce que ce blog ne s’affiche pas bien ?

Parce que c’est de ta faute, lecteur/euse esclave.
Sans t’en rendre compte, tu n’utilises qu’un seul navigateur, Internet Explorer, et celui-ci est plus truffé de lézardes qu’une maison préfabriquée en Seine St Denis. Qui plus est, nonobstant ces discours triviaux sur la sécurité, Internet Explorer ne respecte pas les standards du Web.
Ami lecteur, amie lecteuse, la notion de standard est très importante. S’il n’y avait pas de standard pour l’électricité, je brancherais mon portable chez un copain, et face à son courant 380 volts, mon ordinateur ferait pouf ! ou skrriitch ! c’est selon, et après, il serait juste bon à caler les meubles. Chez un autre copain, mon ordinateur n’arriverait pas à démarrer, à cause des pitits 12 volts délivrés par son circuit électrique. Respecter un standard, c’est assurer que l’on peut utiliser les mêmes outils, partout, et sans danger.
Mes pages de blog sont standard. Elles sont produites par une plate-forme de blog qui respecte les standards du WWW et n’endommage pas les électrons. Il suffit, pour preuve, de consulter ce blog sous des navigateurs qui respectent les standards, comme Mozilla Firefox, Opera, Camino ou Konqueror. Ah oui, j’oubliais : tous ces navigateurs sont gratuits.

Mozilla Firefox est téléchargeable ici, en Français, il fait 5 mégas au téléchargement (pour Windows), ce qui n’est pas lourd pour se doter d’un navigateur fiable, rapide, et fonctionnel (ah, la navigation par onglets…)

Quelques remarques et leurs réponses :

  • C’est trop compliqué. Non. Si tu penses cela, tu mérites de te faire ratisser par ton plombier, ton garagiste, et ton revendeur informatique.
  • Les logiciels libres sont moins fiables. Pas sûr, parce qu’ils sont ouverts, donc chacun peut aller voir sous le capot et proposer des améliorations. Et comme ces logiciels reposent essentiellement sur des bénévoles qui sont des passionnés fondus, la réactivité ne se limite pas aux horaires de bureau…
  • Tout le monde utilise Internet Explorer. Faux, Firefox a plus de 20% de part de marché dans la majorité des pays d’Europe. Pas mal pour une fondation qui ne consacre pas des millions de dollars dans des pubs qui montrent des dinosaures.
  • C’est pas moi c’est ma hiérarchie, je ne peux rien installer d’autre. Argument solide, cette fois. Peut-être cela vaut-il la peine de les évangéliser un peu ? Le standblog de Tristan Nitot est un bon point de départ, avec notamment un comparatif sur les rapidités de mise à jour d’Internet Explorer face à Firefox.

Cela dit, ce n’est pas une excuse pour me défausser de la rédaction d’un nouveau thème graphique. Mais il y a des choses qui ne passeront toujours pas, même si j’y passe des heures. Je ne me vois pas coller des rustines informatiques dans mes thèmes pour qu’ils « passent » sous Internet Explorer, cette vieille chambre à air (qui date de 2001, autant dire le crétacé).

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Livre lu : Dezsö Kosztolanyi – Le traducteur cleptomane

Vous avez bien lu, ce n’est pas une typo, le titre est Le traducteur cleptomane, de Dezsö Kosztolanyi (qui, lui, a un K), aux éditions Viviane Hamy (1994, 156 p.)

C’est un livre de nouvelles, écrit dans un style du genre de Stefan Zweig, c’est-à-dire la description d’un monde de l’entre-deux guerres, surannée et puissamment évocatrice.
Comme par exemple cette nouvelle intitulée Le chapeau, et dont le principal protagoniste est un chapeau melon

Le chapeau, à dire vrai, est la partie du vêtement la plus noble. Il couvre notrecrâne, avec sa forme bombée il en est une imitation, il nous est comme uncrâne supplémentaire, rempli lui aussi par la flamme et par la fumée de notre cerveau.
Dezsö Kosztolanyi, Le traducteur cleptomane, Viviane Hamy, 1994, p. 137.

Mais ce n’est certainement pas pour ses atmosphères que j’ai aimé ce livre. Ce livre est paru en hongrois sous le titre générique Esti Kornél, qui est le nom du héros, ou du narrateur, suivant les nouvelles. Un homme raconteur d’histoires, fortement attaché aux mots et aux constructions littéraires. La nouvelle éponyme, le traducteur cleptomane, est superbe dans son évocation de cet homme aux prises avec sa maladie. Mais hélas, raconter l’argument de la nouvelle, c’est en dévoiler l’intrigue… Tout est jeux de langage, ou de conversations à demi-mot. On flotte dans un monde très lointain, celui d’une époque qui avait connu une guerre qu’elle croyait être la dernière, dans une Europe qui pouvait encore croire au progrès humain (Dezsö Kosztolanyi est mort en 1936), et où ce petit cercle littéraire se rencontre, se raconte des histoires jusqu’au bout de la nuit.

C’est pour moi la marque d’un excellent livre de nouvelles : à la fin de chacune, je m’arrêtais et prenais un autre livre, tant ces nouvelles se dégustent une à une.

Puisque aussi bien je ne saurais plus me consoler moi-même, autant maintenant que j’en console d’autres. Il faut rendre à chacun sa foi dans la vie.
Dezsö Kosztolanyi, Le traducteur cleptomane, Viviane Hamy, 1994, p. 79.

Ecrivain auquel je comparerais Dezsö Kosztolanyi : Stefan Zweig, peut-être Kafka (mais j’en ai lu très peu).

Et je me souviens enfin de ces femmes et de ces jeunes filles qui ont, avec elles, apporté tant de fois la féerie du hasard, son caprice et sa fatalité.
Dezsö Kosztolanyi, Le traducteur cleptomane, Viviane Hamy, 1994, p. 143.

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Thème et version – 12/20

J’ai donc remis le joli thème, « estival » comme le dit Nerik, en attendant mieux. Dans ce thème, j’aime bien les couleurs, l’image, et l’esthétique générale. Il souffre néanmoins de petits défauts, que je liste ici pour mémoire, et éventuellement pour récolter vos commentaires :

  • Il n’y a pas de calendrier. Mise à jour : uniquement dans le thème NeSpring. Les autres thèmes ont un calendrier (cf. MàJ ci-dessous)
  • Il n’y a pas de liste des thibillets récents (MàJ : ça dépend des thèmes)
  • Il n’y a pas de liste des commentaires récents
  • Une liste des mots-clés, façon Tagcloud (chaque mot-clé a une taille proportionnelle à sa fréquence) serait intéressante
  • Il n’y a pas la mention des fils RSS (Mise à jour : uniquement dans le thème NeSpring), notamment le RSS des commentaires
  • Ce thème n’est pas de moi
  • Il n’y a plus la mention « propulsé par Dotclear », qui n’est pas obligatoire, mais moralement souhaitable Repentir : je suis vraiment neuneu, c’est bien indiqué tout en bas de la page…
  • J’aimerais bien 3 colonnes, avec, à droite et à gauche, des liens, des thibillets thématiques, éventuellement des photos
  • Il serait bon que l’utilisateur/teuse puisse choisir son thème parmi une liste de quelques thèmes, comme par exemple ce qu’a fait Tristan Nitot. Mise à jour : c’est fait, dans la colonne de droite, en haut, y suffit de cliquer.
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"Lipstick pour les hommes, hoohoo, lipstick pour les femmes…" (D. Balavoine)

Je merduse grave pour accéder à la requête de Nerik, assavoir remettre le calendrier. J’ai voulu faire perfectionniste, en installant une liste déroulante des thèmes, pour que chacun(e) puisse choisir le thème qui lui plaît le plus. C’est pas gagné. Pour vous punir, revlà le thème moche. Dès que j’ai du temps (…) je replonge dans les délices de la syntaxe des fichiers template.php et style.css.

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